Le portage salarial est un dispositif de plus en plus prisé par les travailleurs indépendants et les entreprises. Il permet à ces derniers de bénéficier d’un cadre légal sécurisé et simplifié pour leurs missions, tout en garantissant aux travailleurs une protection sociale similaire à celle des salariés classiques. Cet article vous propose un tour d’horizon complet sur la législation du portage salarial et ses implications pour les différentes parties prenantes.
Le cadre légal du portage salarial
Le portage salarial est encadré par le Code du travail, notamment par les articles L1254-1 à L1254-31. Ce dispositif a été reconnu par la loi de modernisation du marché du travail de 2008, puis précisé et renforcé par l’ordonnance n°2015-380 du 2 avril 2015 et la loi Travail (ou loi El Khomri) du 8 août 2016.
Le portage salarial repose sur une relation tripartite entre le travailleur indépendant (appelé salarié porté), l’entreprise cliente et la société de portage. Cette dernière se charge d’établir un contrat de travail avec le salarié porté (contrat à durée déterminée ou indéterminée) et de facturer l’entreprise cliente pour les prestations réalisées. Le salarié porté perçoit alors un salaire, déduction faite des frais de gestion de la société de portage et des cotisations sociales et fiscales.
Les conditions à respecter pour exercer en portage salarial
Pour recourir au portage salarial, certaines conditions doivent être réunies. Tout d’abord, le salarié porté doit être un professionnel qualifié, c’est-à-dire justifier d’une expertise ou d’un savoir-faire reconnu dans son domaine d’activité. Cette condition permet de garantir la qualité des prestations fournies aux entreprises clientes.
Ensuite, le salarié porté doit exercer une activité principale en portage salarial. Il peut toutefois cumuler cette activité avec une autre activité professionnelle, à condition de respecter les règles relatives au cumul d’emplois et de ne pas créer de situation de concurrence déloyale.
Enfin, le salarié porté doit trouver lui-même ses clients et négocier directement avec eux les modalités de ses missions (contenu, durée, rémunération, etc.). La société de portage intervient uniquement pour sécuriser la relation contractuelle et assurer la gestion administrative et sociale du travailleur indépendant.
Les droits et obligations des parties prenantes
Dans le cadre du portage salarial, chaque partie prenante dispose de droits et obligations spécifiques. Le salarié porté bénéficie notamment :
- d’un statut social équivalent à celui d’un salarié classique (protection sociale, droit au chômage, droit à la formation professionnelle continue, etc.) ;
- d’une rémunération minimale fixée par la loi ou par la convention collective applicable (généralement équivalente à 70% du montant facturé à l’entreprise cliente) ;
- du respect des règles relatives au temps de travail et aux congés payés (durée légale du travail, repos hebdomadaire, jours fériés, etc.).
De son côté, la société de portage est tenue d’assurer :
- la gestion administrative et sociale du salarié porté (établissement du contrat de travail, déclaration auprès des organismes sociaux, paiement des cotisations et contributions sociales, etc.) ;
- le versement d’un salaire mensuel au salarié porté, quel que soit le nombre de missions réalisées ;
- la mise en place d’un compte d’activité, permettant au salarié porté de suivre en temps réel l’évolution de ses revenus et de ses frais professionnels.
L’entreprise cliente, quant à elle, est responsable :
- de la définition du contenu et des modalités de la mission confiée au salarié porté;
- du respect des règles applicables en matière de santé et sécurité au travail, notamment pour les missions réalisées sur son site ou sous sa responsabilité;
- du paiement des factures émises par la société de portage dans les délais convenus.
Les avantages et limites du portage salarial
Le portage salarial présente plusieurs avantages pour les travailleurs indépendants :
- la sécurisation de leur statut social (protection sociale, droit au chômage, etc.) ;
- la simplification de la gestion administrative et comptable (pas de création d’entreprise, pas de tenue de comptabilité, etc.) ;
- l’accès à des services complémentaires proposés par certaines sociétés de portage (formation, accompagnement, mise en réseau, etc.).
Toutefois, ce dispositif comporte également des limites :
- le coût lié aux frais de gestion prélevés par la société de portage (généralement compris entre 5% et 10% du chiffre d’affaires) ;
- la dépendance vis-à-vis de la société de portage pour l’établissement des contrats de travail et le versement des salaires;
- la difficulté à cumuler plusieurs activités professionnelles ou à exercer des missions hors du cadre légal du portage salarial.
L’avenir du portage salarial : vers une régulation accrue ?
Face à la croissance rapide du portage salarial et aux enjeux qu’il soulève en termes de protection sociale et d’emploi, le législateur pourrait être amené à renforcer son encadrement. Plusieurs pistes sont actuellement envisagées :
- l’instauration d’un agrément obligatoire pour les sociétés de portage, afin de garantir leur sérieux et leur respect des obligations légales;
- la mise en place d’un plafonnement des frais de gestion prélevés par les sociétés de portage, pour limiter leur impact sur la rémunération des travailleurs indépendants;
- la création d’un statut spécifique pour les travailleurs en portage salarial, afin de mieux prendre en compte leurs particularités et leurs besoins.
Ainsi, le portage salarial est un dispositif attractif pour les travailleurs indépendants et les entreprises, mais qui nécessite une connaissance approfondie de la législation en vigueur. Les évolutions à venir devront permettre d’améliorer encore la sécurité et la transparence de ce mode d’emploi, tout en préservant sa souplesse et sa capacité à répondre aux besoins du marché du travail.