La donation au dernier vivant est un mécanisme juridique qui permet aux couples mariés de protéger le conjoint survivant après le décès de l’un des époux. Dans cet article, nous vous proposons d’explorer en détail cette procédure, ses avantages et ses inconvénients, ainsi que les modalités de sa mise en place.
Qu’est-ce que la donation au dernier vivant ?
La donation au dernier vivant, également appelée donation entre époux, est un acte juridique par lequel un époux donne à son conjoint survivant la possibilité de jouir des biens du défunt, dans certaines conditions et limites. Ce dispositif est prévu par les articles 1094 et suivants du Code civil. Il permet d’assurer une protection financière et patrimoniale au conjoint survivant en lui accordant des droits supplémentaires par rapport à ceux prévus par la loi en matière de succession.
Pourquoi mettre en place une donation au dernier vivant ?
La donation au dernier vivant présente plusieurs avantages pour les couples mariés :
- Sécuriser la situation financière du conjoint survivant : En cas de décès, le conjoint survivant peut se retrouver dans une situation financière précaire si les droits légaux ne sont pas suffisants pour lui garantir un niveau de vie comparable à celui qu’il avait avant le décès de son époux. La donation au dernier vivant permet d’améliorer cette situation en lui accordant des droits supplémentaires.
- Anticiper les conflits familiaux : La donation au dernier vivant permet d’éviter les litiges entre le conjoint survivant et les héritiers du défunt. En effet, si la loi prévoit que le conjoint survivant a droit à une part de la succession, cette part peut être contestée par les autres héritiers. La donation au dernier vivant sécurise donc la position du conjoint survivant en lui garantissant une part minimale de la succession.
- Optimiser la gestion du patrimoine : La donation au dernier vivant offre au conjoint survivant un choix entre plusieurs options pour gérer le patrimoine du défunt. Il peut choisir de conserver la totalité des biens en usufruit ou de ne prendre qu’une partie en pleine propriété, selon ses besoins et ses projets personnels.
Les différentes formes de donation au dernier vivant
La donation au dernier vivant peut prendre plusieurs formes, qui dépendent des souhaits des époux et de leur situation patrimoniale :
- L’usufruit universel : Le conjoint survivant reçoit l’usufruit de tous les biens du défunt, sans exception. Il peut donc jouir de ces biens jusqu’à son décès, mais ne devient pas propriétaire. Les héritiers du défunt conservent la nue-propriété des biens.
- La quotité disponible : Le conjoint survivant reçoit une fraction des biens du défunt en pleine propriété. Cette fraction est déterminée par la quotité disponible, qui est la part de la succession que le défunt peut librement disposer. Le reste des biens revient aux héritiers réservataires (enfants, petits-enfants…).
- La donation graduelle ou résiduelle : Le conjoint survivant reçoit un bien ou une partie des biens du défunt, avec l’obligation de transmettre ces biens à un ou plusieurs héritiers désignés par le défunt au décès du conjoint survivant.
Comment mettre en place une donation au dernier vivant ?
Pour être valable, la donation au dernier vivant doit être réalisée par acte notarié devant un notaire. Les époux doivent exprimer clairement leur volonté de se consentir mutuellement une donation au dernier vivant et préciser les modalités de cette donation (usufruit universel, quotité disponible, donation graduelle ou résiduelle…).
Il est important de noter que la donation au dernier vivant peut être révoquée à tout moment par l’un des époux, sans avoir besoin d’informer l’autre époux de cette révocation. La révocation doit également être réalisée par acte notarié.
Les limites et inconvénients de la donation au dernier vivant
La donation au dernier vivant présente certains inconvénients et limites qu’il convient de prendre en compte :
- L’impossibilité de léguer des biens à d’autres personnes : La donation au dernier vivant réduit la liberté du défunt de léguer ses biens à d’autres personnes, puisque le conjoint survivant bénéficie d’une part minimale de la succession.
- Le coût : La mise en place et la modification d’une donation au dernier vivant entraînent des frais notariés qui peuvent être élevés.
- Les droits de succession : Si la donation au dernier vivant permet au conjoint survivant de bénéficier d’une part plus importante de la succession, elle peut également augmenter les droits de succession dus par les héritiers, notamment si ceux-ci ne sont pas des descendants directs du défunt.
Néanmoins, malgré ces limites et inconvénients, la donation au dernier vivant reste un outil précieux pour protéger le conjoint survivant et assurer une gestion optimale du patrimoine du couple. Il est essentiel de se faire conseiller par un professionnel du droit pour déterminer la solution la plus adaptée à votre situation personnelle et patrimoniale.